Environnement et astronomie

L'humain est bien responsable du réchauffement climatique

Publié le 03.08.2022, 19:08 (CEST)

Réchauffement climatique, multiplication des catastrophes naturelles - certains internautes se posent la question de la responsabilité humaine dans cette problématique. La NASA répond.

Le réchauffement climatique serait lié à l’orbite solaire de la Terre et non aux émissions de gaz à effet de serre produites par l’humain. C’est en tout cas ce que prétend un article publié sur le site Québec Nouvelles et relayé sur les réseaux sociaux. De plus, cette théorie serait appuyée par la NASA.

Évaluation

La NASA n’a jamais remis en cause la responsabilité des gaz à effet de serre dans le contexte du réchauffement climatique. L’institution a même posté un démenti sur son site.

Faits

Gaz à effet de serre, augmentation du CO2 dans l’atmosphère – ces paramètres ne seraient pas responsables du réchauffement climatique. Un article du site Québec Nouvelles prétend que la NASA, elle-même, admettrait ces propos.

Ces allégations s’appuient sur la théorie du climat de Milutin Milankovitch, un mathématicien serbe de la fin du XIXe siècle. L’Administration Nationale de l'Aéronautique et de l'Espace (NASA) des États-Unis a en effet publié un article sur son site, mentionnant une possible influence des cycles évoqués par le mathématicien sur les changements climatiques.

La théorie du climat de Milankovitch

Dans un article de février 2020, Alan Buis du Laboratoire de propulsion à réaction de la NASA explique le phénomène de cycles et la corrélation entre la théorie du climat de Milankovitch et les conditions météorologiques et climatiques de la Terre sur le long terme.

« Nos vies tournent littéralement autour de cycles : des séries d’événements qui se répètent régulièrement dans le même ordre. Il existe des centaines de types de cycles différents dans notre monde et dans l’univers. Certains sont naturels, comme le changement des saisons, les migrations annuelles des animaux ou les rythmes circadiens qui régissent nos habitudes de sommeil. D’autres sont produits par l’Homme, comme la culture et la récolte de cultures, les rythmes musicaux ou les cycles économiques », écrit-il.

L’hypothèse de Milankovitch serait que les effets collectifs des changements de position de la Terre par rapport au Soleil seraient un facteur décisif du climat à long terme de notre planète et seraient responsables du déclenchement du début et de la fin des périodes de glaciation (périodes glaciaires). C’est ce dont il s’agit : le climat à long terme.

Les trois mouvements cycliques de la Terre

Selon cette théorie, il existerait trois types de mouvements orbitaux terrestres ayant une influence sur la quantité de rayonnement solaire atteignant le sommet de l’atmosphère terrestre ainsi que sur l’endroit où la Terre est irradiée. Ces trois mouvements orbitaux cycliques sont également appelés cycles de Milankovitch : ils sont composés de la forme de l’orbite terrestre (excentricité), l’inclinaison de l’axe de la Terre par rapport au plan orbital de la Terre (obiquité) et la direction dans laquelle l’axe de rotation de la Terre est pointé (précession).

Le magazine Futura Sciences définit l’orbite ainsi : « En astronomie, l'orbite désigne la trajectoire fermée suivie par un corps céleste autour d'un autre corps céleste de manière périodique, sous l'influence de la gravitation et de forces d'inertie. Cette orbite peut être circulaire, elliptique, parabolique ou hyperbolique. »

Alors que l’obiquité, elle, correspond à l’inclinaison de l'axe de rotation terrestre par rapport au Soleil, c’est ainsi qu’interviennent les saisons.

La précession, quant à elle, est définie sur le site de l’Université du Mans comme « le changement graduel d'orientation de l'axe de rotation d'un objet ».

La NASA précise sur son site que ces mouvements des variations peuvent affecter jusqu’à 25% la quantité d’insolation entrante aux latitudes moyennes de la Terre – ce sont les zones de la Terre situées entre environ 30 et 60 degrés au nord et au sud de l’équateur.

Théorie de Milankovitch et réalité environnementale

Il est donc exact de dire que les changements de position de la Terre par rapport au Soleil ont des conséquences sur le réchauffement climatique et que la planète change également de manière indépendante de l’activité humaine – cependant, ce sont des changements perceptibles sur le long terme.

Dans un article intitulé « Pourquoi les cycles de Milankovitch ne peuvent pas expliquer le réchauffement actuel de la Terre ? », le rédacteur scientifique de la NASA Alan Buis explique : « Les cycles de Milankovitch ne peuvent pas expliquer tous les changements climatiques qui se sont produits au cours des 2,5 derniers millions d'années environ. Et plus important encore, ils ne peuvent rendre compte de la période actuelle de réchauffement rapide que connaît la Terre depuis la période préindustrielle (la période entre 1850 et 1900), et particulièrement depuis le milieu du XXe siècle. »

Il affirme clairement que les scientifiques sont convaincus que le récent réchauffement de la Terre est principalement dû aux activités humaines, en particulier à l'apport direct de dioxyde de carbone dans l'atmosphère terrestre provenant de la combustion d’énergies fossiles.

« Les cycles de Milankovitch fonctionnent sur de longues échelles de temps, allant de dizaines de milliers à des centaines de milliers d'années. En revanche, le réchauffement actuel de la Terre s'est produit sur des échelles de temps allant de décennies à des siècles. Au cours des 150 dernières années, les cycles de Milankovitch n'ont pas beaucoup modifié la quantité d'énergie solaire absorbée par la Terre. En fait, les observations des satellites de la NASA montrent qu'au cours des 40 dernières années, le rayonnement solaire a quelque peu diminué », souligne l’employé de la NASA.

Concentration de CO2 dans l’atmosphère

Le dioxyde de carbone (CO2) constitue une des causes majeures du réchauffement climatique. Selon les données évoquées par la NASA, la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère aurait fluctué d’environ 180 parties par million (ppm) à 280 ppm au cours des cycles glaciaires passés – des variations induites par les changements climatiques de la Terre résultant du cycle de Milankovitch.

« Depuis le début de l’ère industrielle, la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère terrestre a augmenté de 47%, passant d’environ 280 ppm à 412 ppm. Rien qu’au cours des 20 dernières années, le dioxyde de carbone a augmenté de 11% », est-il précisé dans le texte.

Le réchauffement provoqué par les gaz à effet de serre provenant de la combustion humaine de combustibles fossiles serait, depuis 1957, plus de 50 fois plus important que le léger réchauffement supplémentaire provenant directement du Soleil dans le même intervalle de temps.

D’après la NASA, si l’évolution de la situation se poursuit comme depuis le début de l’ère industrielle, la Terre devrait se réchauffer d’encore un demi-degré Celsius d’ici 2030. La prise de position de la NASA quant à la théorie climatosceptique relatée sur Facebook est claire : « Si le réchauffement actuel de la Terre était dû au Soleil, les scientifiques disent que nous devrions nous attendre à ce que les températures dans la basse atmosphère (troposphère) et la couche suivante de l’atmosphère, la stratosphère, se réchauffent. Au lieu de cela, les observations de ballons et de satellites montrent que la surface de la Terre et la basse atmosphère se sont réchauffées, mais que la stratosphère s’est refroidie. »

Alan Buis ajoute : « Les scientifiques savent avec un haut degré de certitude que ce dioxyde de carbone est principalement dû aux activités humaines, car le carbone produit par la combustion de combustibles fossiles laisse une "empreinte digitale" distincte que les instruments peuvent mesurer. »

(Situation au 03.08.2022)

Liens

Québec Nouvelles - Article (version archivée)

Publication Facebook (version archivée)

NASA - Orbite et réchauffement climatique (version archivée)

NASA - Cycles orbitaux de Milankovitch (version archivée)

Futura Science - Orbite (version archivée)

Futura Science - Obiquité (version archivée)

Université du Mans - Précession (version archivée)

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